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Arrissoules

Au XIVe et XVe siècles, le territoire d'Arrissoules dépendait de la seigneurerie de Saint-Martin Du Chêne dont le blason était palé d'azur et d'or. Cette partition a été reprise comme champ des armoiries communales adoptées en 1925. Le tilleul rappelle un arbre ornant le village. Son image figurait déjà sur la médaille frappée pour les mobilisés en 1919. Afin que cet emblème demeure significatif pour les générations futures, un tilleul fut replanté au milieu du village en 1998, lors de la commémoration du bicentenaire de la Révolution vaudoise.

L'étimologie du nom est difficile à établir. Les recherches les plus récentes abandonnent l'hypothèse d'un dérivé des patronymes Aristius ou Arectius et privilégient la formation par contamination des mots des familles d'«arare», labourer et d'«essarter», déboiser. Cette thèse est étayée par l'origine du village: une implantation rurale formée de quelques bâtiments agricoles et gagnée par défrichement sur les vastes forêts de chênes et de châtaigniers qui recouvraient jadis la falaise molassique dominant la rive sud du lac de Neuchâtel.

La grange d'Arrissoules était possession du couvent d'Hauterive, comme le confirment une carte de Guy de Merle, évêque de Lausanne, datant du 21 mars 1142, et une bulle du pape Eugène III en 1146. A la fin du Moyen Age, elle était le fief des seigneurs de Saint-Martin Du Chêne. En 1474, les habitants d'Arrissoules, Rovray, Chavannes, Molondin et Du Pâquier contribuèrent aux réparations du château de Saint-Martin, avant les guerres de Bourgogne.

Le nombre d'habitants qui était de 41 en 1776, oscilla entre 50 et 80 durant le XIXe siècle, chuta à 24 en 1983 pour arriver finalement autour de la quarantaine ces dernières années. Les effets de yo-yo de la courbe démographique sont dus à la forte incidence que chaque départ et arrivées exerce sur un nombre très restreint et à la mobilité croissante de la population. En effet, seules trois familles exercent encore, et même que partiellement, leur activité lucrative au village, soit deux exploitations agricoles et un atelier de menuiserie. La plupart des personnes actives sont des pendulaires. Les locataires ont aussi augmenté par rapport aux rédidents propriétaires, souvent issus des anciennes familles.

Arrissoules possède un collège centenaire, reconstruit après l'incendie qui dévasta la moitié du village le 6 février 1883. Dès 1936, il fut fermé par manque d'effectif et les enfants suivirent leur scolarité à Rovray et Yvonand. En 2000, Arrissoules et les communes voisines élaborèrent une convention intercommunale qui régit l'établissement scolaire d'Yvonand et environs.

En 1994, la commune adhéra au réseau intercantonal de distribution d'eau potable ARRIBRU. A ce jour, elle en dépend totalement, le percement du tunnel autoroutier de la N1 ayant provoqué le tarissement complet des sources communales et privées. Leur hypothétique réalimentation après les travaux d'étanchéité du tunnel constitue l'un des soucis majeurs de la Municipalité.

Depuis 1995, les eaux usées récoltées en séparatif sont traitées par une petite STEP qui n'épure ni le problème de valorisation des boues ni le problème de son financement...

En raison de l'éxiguïté de son territoire, écartelé entre zones de sources, zones agricoles et zones d'habitation, les possiblités de développement sont limitées et les nouvelles constructions fort rares. A cela s'ajoute qu'Arrissoules se trouve à l'écart des voies de communication importantes et peu desservie par les transports publics, désavantages que la politique budgétaire cantonale tend à agraver. En revanche, elle offre un cadre de vie harmonieux dans un paysage contrasté propice aux balades, avec vue sur le lac de Neuchâtel et le Jura, à ceux qui apprécient la campagne, le calme, la nature et préfèrent les contacts personnels à l'anonymat des cités.

La Commune d'Arrissoules semble être à un tournant de son histoire. A l'heure où les idées de fusion et d'entité à plus grande échelle germent dans les esprits mais peinent à trouver un terreau fertile et fructifiant dans la pratique, alors que l'on écartèle les municipaux, «miliciens bénévoles» entre obligations et responsabilités, quel chemin prendre pour une communauté de 37 habitants ? A la veille de l'inauguration de l'ultime tronçon de la N1, autoroute dite transeuropéenne, ne restera-t-il pas de la Commune d'Arrissoules qu'un lieu-dit dont le nom sera vaguement lu par des automobilistes de tous pays qui pénétreront dans le tunnel «Des Arrissoules», mais qui n'en verront sûrement que le sous-sol? La Municipalité ne saurait en aucun cas répondre seule à ces questions, sans l'engagement, le soutien et la volonté de nos concitoyens qui ont choisi d'y vivre.

Texte rédigé pour l'«Alphabet des communes vaudoises», FAO Vaud no 26, 30 mars 2001, par Anne-Lise Shala, alors syndique d'Arrissoules.